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L'astragale de Cassiopée
13 février 2010

Incipit-bulle du week-end

1.

" Celui qui traverse le boulevard Beaumarchais et descend vers la rue Amelot sait qu'il quitte le Marais pour le quartier de la Bastille. Celui qui dépasse la statue de Danton et longe le grand mur arrière de l'Ecole de médecine sait qu'il quitte Saint-Germain-des-Prés pour entrer au quartier Latin. Souvent les frontières entre les quartiers de Paris sont tracées avec cette précision chirurgicale. Les repères sont tantôt des monuments - la rotonde de la Villette, le lion de Denfert-Rochereau, la porte Saint-Denis-, tantôt des accidents de terrain - la cassure de la colline de Chaillot sur la plaine d'Auteuil, le trouée des routes d'Allemagne et de Flandre entre la Goutte-d'or et les Buttes-Chaumont-, tantôt encore de grandes artères dont les boulevards de Rochechouart et de Clichy sont un nouvel exemple, formant entre Montmartre et la Nouvelle-Athènes une démarcation si tranchée que de part et d'autre ce ne sont pas deux quartiers qui s'observent mais deux mondes."

paris

2.

" C'est maintenant qu'il faut reprendre vie. J'ai répété cette phrase toute la journée en longeant la Seine : " C'est maintenant qu'il faut reprendre vie." Il y avait une lumière nouvelle dans les arbres, du vert partout, du bleu, et ce vent léger où flottent les désirs. J'ignore d'où venait cette phrase, mais elle glissait bien dans ma tête. Avec elle une joie bizarre se diffusait dans l'air d'avril, une joie de solitude qui vous ouvre la route. J'ai dit : " C'est maintenant qu'il faut reprendre vie." Aussitôt, il y a eu une série d'étincelles autour de ma tête, puis la phrase s'est enroulée autour de mes épaules en y traçant des lignes rouges, oranges, jaunes; elle a cheminé le long de mon bras, lentement, jusqu'à ma main qui s'est gorgée d'un sang bleu-noir. C'est ainsi que ce livre a commencé à s'écrire. La Seine, les arbres et mon corps se sont mis à tourner dans un instant de vide. Je n'ai pas eu le vertige. Au contraire : tout était affecté de vertige, sauf moi. Je brûlais, mon corps n'était plus mon corps, mais un buisson de flammes d'où sortaient des phrases. Ces phrases tourbillonnaient dans la lumière, au-dessus de l'eau, comme des tapis volants. Elles formaient dans le ciel d'immense rubans de nacre. Un calme étrange fleurissait dans ma tête."

Paris1

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Commentaires
M
Salut Harmonia et quel bonheur pour vous; Et merci pour ERIC HAZAN et son inoubliable géniale INVENTION DE PARIS que je crois connaître presque par coeur...
J
E.Hazan, oui! Et le 2 aussi! je n'ai pas le triomphe modeste, mais tant pis!<br /> <br /> Votre tourbillon, heureux heureusement, je lui souhaite de virevolter comme un bonheur et que vous en soyez tout nimbé!
H
Pour le 1., il s'agit bien de "L'invention de Paris" d'Eric Hazan. Màc en a bcp parlé. Je vous conseille aussi son "LQR" aux éditions de la Fabrique, tentative d'actualisation du livre "LTI" de Klemperer...<br /> <br /> Pour le 2., "Cercle" de Yannick Haenel. Parcours magnifique d'un personnage qui décide que c'est donc le moment de reprendre vie et qui reprend vie, d'abord par le biais de la langue...<br /> La photo, doisneau vi...<br /> <br /> Well, comme un blog permet aussi de parler de soi-même, j'ai prévu de vous tenir au courant du "tourbillon" de changement qui transfome actuellement ma vie. Don't worry, ils sont très positifs... sauf pour le blog auquel je risque de ne quasiment plus avoir de temps à consacrer...
J
Sauf la photo 1, j'ai trouvé, ouf, avec un peu, pour vérifier, vos indices à vous tous...pof pof pof. L'auteur 1, c'est tout génial... <br /> j'ai mis ses oeuvres légères comme des sources dans ma librairie, ... l'auteur du 2 aussi , mais pas celle-là, je crois pas; "c'est maintenant qu'il faut reprendre vie", comme on respire, toutes les deux phrases, comme pour marcher, pas après pas. Je me souviens très bien de ce texte, mouiiii....
J
je m'absente une journée de cette blogosphère où je fréquente quatre blogs dont le mien, c'est pas beaucoup, et je suis absolument "out"; je relis tout et je m'occupe de voir ce que je peux faire en matière incipit...<br /> Stoooooooooooooop Harmonia, laissez-moi jusqu'à neuf heures du mat', que je trouve!
L'astragale de Cassiopée
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