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L'astragale de Cassiopée
20 février 2014

la guerre, sans qu'on en sache grand chose...

L'anniversaire d'un retrait d'Afghanistan faisait l'objet de mon dernier billet. Aujourd'hui, c'est, tout près de là, l'histoire d'une guerre, dont on ne connaît pas bien les belligérants, et dont on ignore les victimes. J'ai traduit un article de l'IRIN, l'agence des Nations Unies, à propos du Pakistan, un état (?) qui combine guerre civile ou à peu près, et arsenal nucléaire. 

 

ISLAMABAD , le 19 Février 2014 ( IRIN) - Dans la salle de classe d’une école privée à Islamabad, la capitale du Pakistan, un groupe d' élèves de fifth grade (équivalent CM2 ?) en cors d’histoire sont catégoriques quand on leur pose une question sur le conflit.

"Le Pakistan a mené trois guerres - en 1948 , en 1965 et en 1971, toutes contre l'Inde", a répondu Muhammad Asif, âgé de 10 ans, d’un ton sévère, attentif et hautain. Comme ses camarades de classe , il a l'air perplexe lorsqu'on lui a demandé si le pays pourrait encore être engagé dans une guerre.

Mais le chiffres des décès à la suite du conflit dans tout le pays disent tout autre chose : selon South Asia Terrorism Portal, basé à New Delhi qui observe les actes de violence liée au militantisme dans la région, 5379 personnes ont perdu la vie dans des incidents (sic) liés au terrorisme en 2013. La majorité, 3001, étaient des civils.

Le nombre a augmenté considérablement depuis 2005, et a atteint un pic en 2009, lorsque 11704 personnes ont été tuées - principalement au cours d'une opération militaire contre les militants dans la vallée de Swat dans la province de Khyber Pakhtunkhwa . La violence reste répandue – elle est même considérée comme normale- avec déjà 460 morts cette année.

"Pour des gens comme nous , la violence permanente, les attaques terroristes et les représailles militaires sont une catastrophe", a déclaré Saifullah Khan, un habitant de Wana, la villeprincipale du Sud- Waziristan , l'une des sept zones (agencies) tribales le long de la frontière pakistano-afghane. "Nous vivons dans la peur constante, les gens ont perdu leur emploi parce que les entreprises ont fermé leurs portes , et beaucoup de gens que je connais se sont exilés".

"Bien sûr, il y a la guerre ici. Les gens meurent dans des attentats à la bombe, des familles sont détruites et les enfants ne connaissent que les armes à feu", a-t-il dit à l'IRIN. Il a également parlé des agriculteurs , dont les terres ont été saccagées, les laissant sans aucun moyen de gagner leur vie.

Alors qu’on connait bien le conflit contre les talibans quand on parle de violence au Pakistan, il existe de nombreux autres cas qui composent un tableau plus vaste et plus complexe .

Violence " endémique "

Selon un rapport de 2014 du US Institute of Peace Studies basé à Washington "au cours de la dernière décennie la violence est devenue endémique dans de nombreuses régions du Pakistan".

L'étude détaillée note que les « origines et l'intensité » de la violence varient selon les régions. Outre la violence concentrée le long de la frontière afghane liée au militantisme violent, il décrit une violence sectaire croissante au Gilgit Baltistan et au Baloutchistan, causé en partie par un "lien entre militants sectaires et groupes terroristes".

"Nous voyons l’escalade continue de cette violence, et son impact très négatif sur la vie des gens. Ils n’ont plus de sécurité, ni d’occasions [de gagner leur vie], ni parfois d'éducation et vivent dans une peur presque constante".

Il affirme également qu'il ya eu une augmentation de de la violence à Karachi entre 2006 et 2013 ; elle s’est multipliée par dix, les groupes sectaires, les groupes terroristes, les partis politiques et les gangs criminels y jouant tous un rôle.

Au Baloutchistan « l'échelle , la portée et l'ampleur » de la violence sont considérées comme « sans précédent », combinant violence sectaire et terroriste  et insurrection séparatiste ; celle-ci a, depuis 2006, conduit à un conflit avec l'armée pakistanaise. Si c’est le Pendjab qui a connu le moins de violence, il s'est transformé en un terrain clé pour recruter des militants .

Les chiffres de l'Observatoire basé à Islamabad Centre for Research and Security Studies’ (CRSS) Pakistan Conflict Tracker, qui diffèrent légèrement de ceux du South Asia Terrorism Portal, suggèrent que 2013 a été l'une des années les plus meurtrières enregistrées, avec près de 6.000 personnes [ http://crss.pk/story/5263/annual-report-2013 / ] tuées lors d’attaques militantes, sectaires, terroristes ou politiquement motivées.

" La peur constante "

 " Nous voyons l’escalade continue de cette violence , et l'impact sur la vie des gens est très négatif. Ils perdent la sécurité, occasion , parfois l'éducation et nous vivons avec la peur quasi constante . Les gens ont peur de voyager ou même de visiter les parcs et autres lieux publics, " a déclaré à IRIN Fariha Nazir, un chercheur à la SCT.

Asghar Jalil , un banquier à Quetta , a déclaré: " Bien sûr, nous sommes touchés, nos vies ont changé. Ma famille s’est installée ici quand j'étais un enfant, c’est ma maison. Mais maintenant, à cause de la menace de nationalistes baloutches face aux colons du Pendjab, je ne permets jamais à mes trois enfants de quitter la maison , sauf pour aller à l'école. Nous avons peur jusqu'à leur retour . "

Il ya eu un certain nombre d'attaques contre des personnes d'autres provinces vivant au Baloutchistan .

D'autres ont été laissés dans une situation particulièrement sombre. " Mon mari est mort d’une balle perdue en 2010. Mes enfants sont jeunes, je ne trouve pas de travail, et bien que mon beau-frère nous aide parfois, nous avons à peine de quoi manger », a dit Jalila Bibi * de Karachi à IRIN. Deux de ses enfants ne vont plus à l'école parce qu'elle ne peut pas en payer les frais.

«C'est vraiment très simple. Il ya tant de violence que la plupart de celle-ci ne trouve qu’à peine place dans les «grandes» nouvelles », a déclaré Asad Ahmed, un journaliste de langue ourdou, en expliquant pourquoi des explosions de bombes qui tuent neuf ou dix personnes font à peine un entrefilet certains jours .

 Des organisations telles que le Centre des civils dans les conflits , basé à Washington, ont abordé la question des personnes prises dans la violence au Pakistan, mais comme le dit Ahmed, ça « n'aide en fait personne ici ». Dans la plupart des cas, le mieux que les victimes peuvent espérer obtenir, c'est une somme d'argent en «compensation». Souvent payé après un long délai, et comme l'a dit Jalila Bibi « cet argent n'aide pas vraiment, car l'argent file vite quand la victime est bien sûr perdue à jamais ».

«L’indifférence totale de l'Etat envers la perte de vies humaines dans une explosion d'une bombe ici et dans un attentat-suicide là, pratiquement un jour sur deux, n'a d'égale que l’état de résignation du peuple, qui semble les considérer comme un fait accompli », a déclaré Kamran Rehmat, un ancien analyste politique et rédacteur en chef de journal.

« Le Pakistan peut se vanter d'avoir un des plus grands arsenaux nucléaires et la septième armée du monde, mais l'ironie est qu'il n'a pas réussi à établir l’ordre dans son propre état ni son devoir fondamental d'assurer la protection de ses citoyens face à un cycle sans fin d’assassinats et de chaos » poursuit Rehmat.

La plupart des gens pensent qu'ils n'ont pas d'autre choix que de simplement continuer . « J'ai perdu mon fils, ma belle-fille et mon petit-fils dans l'explosion qui a tué près de 100 personnes à Peshawar en 2009. À l'âge de 80 ans, je travaille comme ouvrier pour aider mes autres petits-enfants. J'ai interdit à tous les membres de la famille d'aller au cinéma après les récentes explosions. Mais au-delà, que peut-on faire? » demande Azeem Khan. «Nous sommes impuissants , mais quel choix avons-nous que de continuer jusqu'à ce que quelqu'un prenne pitié de nous . "

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Commentaires
J
La censure, sans qu'on en sache grandchose non plus<br /> <br /> <br /> <br /> The latest country to join the censorship bandwagon is India, where publisher Penguin Books India recently agreed to withdraw a book about Hinduism from circulation in India, including destroying all copies of the book currently in the country. <br /> <br /> <br /> <br /> “The Hindus: An Alternative History,” by Wendy Doniger, a professor of religion at the University of Chicago, was pulled by Penguin Books India after a four-year legal battle that began when the Hindu nationalist group Shiksha Bachao Andolan filed a suit against the publisher in 2011, claiming the book disparaged Hinduism and comprised “deliberate and malicious acts intended to outrage religious feelings.”<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> 25 banned books that may surprise you<br /> <br /> <br /> <br /> The lawsuit accuses Doniger of “hurt[ing] the feelings of millions of Hindus” in the book, which it calls “a shallow, distorted and non-serious presentation of Hinduism” which is “riddled with heresies and factual inaccuracies.”<br /> <br /> <br /> <br /> In a statement released by PEN Delhi, Doniger said, “I am deeply troubled by what it foretells for free speech in India in the present, and steadily worsening, political climate. And as a publisher’s daughter, I particularly wince at the knowledge that the existing books (unless they are bought out quickly by people intrigued by all the brouhaha) will be pulped.”
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