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L'astragale de Cassiopée
23 novembre 2011

Cassiopée, c'est aussi ça ...

Cassiopée (1971)

Ce n’est que récemment que les percussionnistes sont apparus comme des solistes potentiels face aux orchestres. Tout au long du vingtième siècle il ya eu quelques concertos de haut niveau pour marimba -y compris des œuvres de Milhaud, de Creston, et Takemitsu et occasionnellement quelques œuvres impliquant des timbaliers solistes, selon une formule datant en fait du XVIIIe siècle, une curiosité musicale attribuée à Johann Wilhelm Hertel. Mais les concertos pour soliste polyvalent nécessitant de jouer une grande variété d'instruments sont un phénomène musical très récent, même si elles sont de plus en plus courantes de nos jours, chevaux de bataille pour virtuoses à haut risque. Sans être techniquement un concerto, Air de Helmut Lachenmann (1969) propose un solo de percussions spectaculaire, tout comme la Symphonie no 2 d’Aulis Sallinen (1972).

Mais le Cassiopée de Takemitsu (1971) est l’oeuvre qui mérite d'être reconnue comme le premier concerto de plein droit pour percussions par un compositeur de premier plan. Malheureusement, en raison de sa complexité légendaire, l’oeuvre est en quelque sorte le Saint Graal des percussionnistes.Toru Takemitsu (1930-1996) est sans doute le plus grand compositeur japonais du XXe siècle. Sa production comprend des œuvres instrumentales, de la musique de chambre et de la musique pour orchestre, dont plus d'une douzaine de concertos, ainsi que des compositions pour instruments traditionnels japonais. Il a écrit des musiques expérimentales électroniques, et plus de 100 musiques de films. Parmi ses compositions les plus importantes on note : le Requiem pour orchestre à cordes (1957), que Stravinski a salué comme un chef-d'œuvre; Marches de Novembre , un double concerto pour biwa, shakuhachi et orchestre (1967) ; Dans un Jardin d’automne pour ensemble de Gagaku japonais traditionnel (1979) , et Tous au Crépuscule pour guitare solo (1987). En 1994, il a reçu le prestigieux prix Grawemeyer 1991 pour son Concerto pour clarinette, Fantasma/Cantos.
Takemitsu a composé Cassiopée sur la commande conjointe des Festivals de Ravinia et de Tanglewood pour présenter les talents prodigieux du percussionniste japonais vedette Yamashta Stomu (né en 1947) qui, au cours de sa carrière a travaillé avec tout le monde de Peter Maxwell Davies et Hans Werner Henze à Al Di Meola et Steve Winwood. Yamashta créa l’œuvre à Ravinia avec le Chicago Symphony Orchestra, sous la direction de Seiji Ozawa le 8 Juillet 1971, et a même enregistré l’œuvre avec Ozawa à Tokyo pour EMI, peu avant la première. Toutefois, victime d'un surbooking par son manager, Yamashta n'en a pas été le soliste à Tanglewood, et la partie solo, réputée injouable par une seule personne, a été reprise par deux percussionnistes de l’Orchestre symphonique de Boston. Une des choses qui rendent Cassiopée quasi injouable est le nombre de choses que le soliste doit jouer, sur 44 instruments au total, allant des castagnettes et du tambourin jusqu’au steel drum caraïbe et au karimba africain, à la tôle, à la timbale à pédales et aux deux tambours basses exploités par les pédales. L'orchestration est aussi assez complexe. S'inspirant du W de la constellation de Cassiopée, Takemitsu entoure le soliste de quatre groupes instrumentaux, chacun comprenant cinq ou six musiciens ainsi qu’un percussionniste doté de sa propre batterie importante. A l'intérieur de ce W, il existe deux pupitres de cordes de 25 instrumentistes. Et derrière tout ça, il ya une fanfare de cuivres. Des sonorités atmosphériques, dont certains sont indéterminées, planent entre les différents sous-ensembles de l'orchestre pendant vingt minutes environ. (Pour compliquer encore les choses, la partition du chef d’orchestre publiée par les Éditions Salabert alors éditeur de Takemitsu, est un manuscrit noté verticalement sur sur du papier surdimensionné : deux pages par système, reliés à l'horizontale, ce qui rend la tourne de pages acrobatique).

Peut-être à cause de tout cela, Cassiopée n'a pas encore la place qui lui revient dans le panthéon du concerto pour percussion. Cependant, l’œuvre aura été l’antécédent direct de “De moi coule ce que vous appelez le temps” de Takemitsu (1990 ) pour cinq percussionnistes et orchestre, une œuvre qui entre lentement dans le répertoire.

traduit d'une note de concert de l'American Symphony Orchestra

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Commentaires
J
Cassiopeia (1971) de Takemitsu <br /> La signature de Takemitsu est évidente, dès les premières mesures de Cassiopeia, synthèse aboutie des deux traditions culturelles, occidentale et japonaise. L'oeuvre illustre parfaitement cette citation du compositeur : « L'inconnu ne se trouve ni dans le passé, ni dans le futur, mais en réalité, tout juste dans le présent immédiat ».<br /> (revue fse de musicologie, je crois)<br /> ce n'est pas la peine de chercher sur Youtube ou équivalent, ça ne donnerait rien.
L'astragale de Cassiopée
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