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L'astragale de Cassiopée
29 décembre 2010

Incipit-Bulle de Jean-Ollivier

Pour cette fin d'année, je vous propose l'incipit-bulle que Jean-Ollivier a eu la gentillesse de me faire parvenir. Il s'agit de retrouver le nom de ce poète et romancier européen. Notons que la traduction ci-dessous est celle de Jean-Ollivier, ce qui ajoute beaucoup au charme du jeu. Merci encore à lui.

Je vous propose après ce poème, et en reprenant une idée de Paul Edel, ce qu'écrivait, dans son journal, un autre écrivain de la même nationalité que celui de Jean-Ollivier, à la date du 24 décembre 1945.

Je vous souhaite, à toutes et tous, une très heureuse fin d'année...


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" La neige tombe doucement en poudreuse du ciel

Un cavalier devant Djellalahbad s’arrête,

« Qui va là ? »— « Un de la cavalerie britannique 

J’apporte un message d’Afghanistan. » 

 

Afghanistan ! il le disait si faiblement

Se presse autour du cavalier la moitié de la ville

Sir Robert Sale, le Commandant

Lui prête la main pour descendre de cheval.

 

Ils le mènent dans un poste de garde en pierre

Ils le font asseoir près de la cheminée

Comme le feu le réchauffe, comme la lumière le réconforte

il va chercher son souffle, remercie et parle :

 

« Nous étions treize mille hommes

À démarrer notre chemin de Kaboul.

Soldats, guides, femmes et enfants

Glacés, abattus, trahis

 

Dispersée est notre armée entière.

Ce qui survit erre dehors dans la nuit alentour

À moi Dieu a accordé le salut. 

Voyez s’il est possible de sauver le reste. »

 

Sir Robert a grimpé sur la muraille du fort

Les officiers, les soldats tous l’ont suivi

Sir Robert parla : « La neige tombe épaisse

Ceux qui nous cherchent ne peuvent nous trouver.

 

Ils errent en aveugles et sont si près de nous

Qu’on leur fasse entendre que nous sommes là

Chantez un chant du pays natal, bien de chez nous,

Trompettes, résonnez dans la nuit du dehors ! »

 

Ils  commencèrent et sans ressentir la fatigue

Au  travers de la nuit résonne chant après chant,

D’abord des chansons anglaises d’un ton joyeux

Puis des chants des Highlands, comme des plaintes

 

Ils ont joué la nuit et le jour suivant

Fort, comme seul l’amour peut donner la voix

Ils ont joué, et puis est venue la seconde nuit.

C’est en vain que vous criez, en vain que vous  regardez.

 

Ceux qui devaient entendre, ils n’entendent plus

L’armée entière est anéantie

Des treize mille à prendre le chemin 

Un seul est rentré chez lui d’Afghanistan."

camp

"24 décembre 1945.

Lorsqu'on passe sur l'une de nos grand-routes, on peut tomber sur des figures humaines telles qu'on n'en avait jamais vu. Ce sont les captifs qui reviennent des camps, avec leur aura grisâtre des souffrances ultimes. On leur a infligé tout ce qui peut nous être infligé par des hommes, et les a dépouillés de tout ce que des hommes peuvent vous ravir. Ce sont les messagers de lieux où d'innombrables victimes ont subi, au point d'en mourir, la torture, la faim, le froid, et les derniers outrages.

J'ai rencontré l'un de ces fantômes aujourd'hui, près de B.; on ne lui avait rien laissé qu'un sarrau de toile grise à travers lequel sifflait le vent du nord. Il devait venir de loin, et il passait sans détourner le regard, comme une ombre.

Pourquoi n'ai-je pu lui adresser la parole aujourd'hui, soir de Noël, comme je l'ai fait avec tant d'autres? Etait-il si monstrueusement loin de moi?"

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Commentaires
K
cher jean-Ollivier,<br /> <br /> trés touchée par votre message, je vous en remercie . J'ai mis toute la journée à répondre car j'en rougis encore de plaisir . <br /> j'en ai touché un mot à Harmonie, il vous écrit .Mostar vu par cette dame ,ce doit être très émouvant .<br /> Il est en Cassiopée des moments de bonheur vrai . Bien à vous Kara
J
J'ai Der Schöne en bilingue ; ça fait 30 000 caractères. ainsi que Liebe und Hass qui en fait env. 100 000. plus d'autres textes, Bosniche Reise, Mostar. Tout ça en bilingue, donc à usage privé (je n'ai pas de copyright). Si ça vous intéresse, mettez un message à Harmonia, qui me retansmettra vos adresses mail, s'il en est d'accord. Je vous enverrai alors les recueils par mail. Les versions françaises datent de mes débuts de traducteur ; ça se sent
K
pour Jean-Ollivier, merci à vous pour ce poème que sans vous...<br /> Vous connaissez les filles..on donne et voilà qu'il leur en faut encore<br /> Auriez vous un autre poème de cette dame( pour mieux la connaître encore...)<br /> <br /> "Adieu<br /> C'est une larme que je vais mettre en dépôt"<br /> J'ai pensé immédiatement à Catherine Charlier dont j'aime la sensibilité dans son "traité des larmes"<br /> <br /> Cela fait bien plaisir ces textes dans les deux langues .<br /> On ne va plus pouvoir se passer de vous .<br /> BIen des KARABISTOUILLES
H
Merci Jean-ollivier. Encore une fois, et sans flatterie, vous n'encombrez pas ce blog... De plus, pour encombrer, il faudrait déjà qu'il y ait foule, ce qui n'est pas le cas...<br /> <br /> Je ne connaissais pas du tout la poète dont vous nous apprenez le décès. Son petit poème me plaît.
M
un peu moins grâce à vous .<br /> Merci,Jean-ollivier,<br /> ne pas oublier "une joie, pas une corvée".
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