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L'astragale de Cassiopée
31 octobre 2013

les marbres du Pathénon et l'identité nationale britannique

un article de Fiona Rose-Greenland en date du 25 Octobre 2013 (OpenDemocracy)

Aujourd'hui, les conservateurs du British Museum font valoir que les sculptures du Parthénon sont «partie intégrante de l'objectif du musée : être un musée mondial qui raconte l'accomplissement culturel de l'humanité ». Mais ce que nous dit l'histoire ?

Mais surtout l’ignoble vantardise du moderne Picte,
Mettant en pièces ce que les Goths, les Turcs et le temps avaient ménagé :
Froid comme les rochers de sa côte natale,
L’esprit aussi stérile et le cœur aussi dur,
Est-ce lui dont la tête a conçu, dont la main a préparé,
rien d’autre que de déplacer les pauvres restes d'Athéna:
Ses fils trop affaiblis pour tenir le sanctuaire sacré en garde,
ressentirent cependant une part des douleurs de leur mère,
Ils n’avaient jamais connu, jusqu’alors, le poids des chaînes du despote. (XII)
Froid est le cœur, belle Grèce ! qui te regarde,
Il ne sent pas comme font les amants la poussière qu'ils aimaient ;
Vide est l'œil qui ne pleure pas à l’idée de voir
Tes murs défigurés, tes sanctuaires dégradés déménagés
Par des mains britanniques, auxquelles il incombait
De garder ces reliques à ne jamais restaurer.
Maudite soit l'heure où ils ont quitté les rivages de leur île,
Et une fois encore frappé ton sein malheureux,
Et arraché tes dieux diminués vers ces climats nordiques abhorrés ! (XV) traduction utilitaire J-o

Lord Byron , Pèlerinage de Childe Harold . Deuxième Canto (1812)

But most the modern Pict’s ignoble boast,
To rive what Goth, and Turk, and Time hath spared:
Cold as the crags upon his native coast,
His mind as barren and his heart as hard,
Is he whose head conceived, whose hand prepared,
Aught to displace Athena’s poor remains:
Her sons too weak the sacred shrine to guard,
Yet felt some portion of their mother’s pains,
And never knew, till then, the weight of Despot’s chains. (XII)

Cold is the heart, fair Greece! that looks on thee,
Nor feels as lovers o’er the dust they loved;
Dull is the eye that will not weep to see
Thy walls defaced, thy mouldering shrines removed
By British hands, which it had best behoved
To guard those relics ne’er to be restored.
Curst be the hour when from their isle they roved,
And once again thy hapless bosom gored,
And snatched thy shrinking gods to northern climes abhorr’d! (XV)

Lord Byron, Childe Harold’s Pilgrimage. Second Canto (1812)

 Qu'est-ce qui se passe avec les sculptures du Parthénon, également connues sous le nom de marbres d'Elgin et largement saluées comme le joyau de la couronne du British Museum ?

Lorsque le nouveau musée de l'Acropole d'Athènes a ouvert en Juin 2009, le British Museum a fait face à une pression sans précédent afin de retourner les sculptures à la Grèce. Des intellectuels, des élus et des citoyens ordinaires se sont mobilisés, l'opinion publique semblant en faveur de les redonner. Il semblait que les responsables du Musée pourraient finalement se radoucir. La question est revenue à l’ordre du jour en Juin 2012 , dans un débat sur le rapatriement entre Stephen Fry et le député Tristram Hunt, et de nouveau ce mois-ci dans un discours de Henry Porter où il a fait valoir que le retour des sculptures serait la chose à faire.

Cette question remonte régulièrement à la surface après quelques années. Elle suit un schéma prévisible : un événement (un discours ; un repère historique ; un nouveau bâtiment) relance les demandes de rapatriement , les médias s’emparent de l'histoire, et le British Museum fait la sourde oreille. Pourquoi cette question est-elle apparemment insoluble ? Et comment ces pierres sculptées par des artisans non-britanniques en un lieu non-britannique, en viennent à être considérés comme partie intégrante du British Museum et, implicitement, de la Grande-Bretagne en général ? C'est un problème de nationalisme et de la politique de la culture.

Pour les spécialistes du nationalisme, le cas présente une énigme conceptuelle. La littérature sur le nationalisme prend pour acquis le désir d'une nation de se présenter comme spéciale et élue, en s'appuyant sur les produits culturels autochtones - de la cuisine aux costumes folkloriques et aux œuvres d’art pour renforcer son idée de Nation. Les marbres du Parthénon, cependant, créent une embardée curieuse dans cette ligne de pensée. Les sculptures ont été importées en Grande-Bretagne mais elles sont devenues des emblèmes de la nation britannique.

Pour tous les citoyens, indépendamment de leur tendance scientifique ou politique, l'affaire soulève d'importantes préoccupations concernant le patrimoine culturel et sa signification dans les circuits mondiaux. Nous entendons souvent parler de patrimoine culturel et de son rôle essentiel dans le maintien de l’intégrité des groupes ethniques. Il s'agit d'une proclamation attrayante, mais comment l’évalue-t-on? Que devrions-nous faire, d'ailleurs, même si nous acceptons cette thèse ? Ces questions doivent être ouvertes à la discussion et analysées sérieusement.

Mon analyse se fonde principalement sur les données d'archives et la consultation des procès-verbaux des réunions du British Museum Trustees de 1753 à 1830, ainsi que sur le dossier complet de la Commission spéciale sur la collection de Marbres sculptés du comte d’Elgin (25 Mars 1816). Puis il y a les journaux. Avec l'aide de deux moteurs de recherche numérique, j'ai retrouvé plus de 1.000 articles de journaux et de magazines britanniques du début du dix-neuvième siècle qui mentionnent les sculptures ou Lord Elgin. Ils se sont révélés être une mine de renseignements sur la façon dont les gens en dehors de Londres et des milieux de l'élite artistique donnaient un sens à ces sculptures et les ont progressivement acceptées comme emblèmes de l'identité britannique.

Déménager sans ménagement, depuis l'Acropole d'Athènes jusqu’aux hangars d'Elgin à Londres

Les sculptures du Parthénon datent du troisième quart du cinquième siècle avant J.C. pour le temple d’Athéna Parthénos (vierge) sur l'acropole athénienne. Les écrivains antiques les ont louées pour leur beauté et leur parfaite imitation de la nature. Après le déclin d'Athènes et la chute de sa religion polythéiste, le temple et ses sculptures ont été endommagés par des événements d’origine naturelle ou humaine. Mais les relations de voyage nous disent qu’en dépit de leur état dégradé, le temple et ses statues sont restés respectés et même vénérés par les résidents locaux.

Lord Elgin a vu les choses autrement. En tant qu’ambassadeur à la cour ottomane, Thomas Bruce, septième comte d'Elgin, s'est rendu à Athènes, alors sous domination ottomane. Elgin a décidé que les sculptures seraient retirées du Parthénon et renvoyées au Royaume-Uni. En dépit de sa prétention ultérieure d’avoir agi dans le but de mettre le public britannique au contact de l'art grec antique et de protéger les sculptures de lésions supplémentaires, les lettres privées d'Elgin énoncent clairement qu'il avait l'intention de les envoyer à son domicile en Écosse. À compter de l'été 1801, les ouvriers d’Elgin ont arraché ou détaché au burin un grand nombre de figures de marbre. Certaines furent gravement endommagées ou irrémédiablement brisées. Le travail a été achevé l'année suivante. Ce n'est qu'en 1804, après qu’un navire transportant plusieurs des sculptures a coulé et a dû être renfloué, que la majeure partie d'entre eux est arrivée en Angleterre.

Une fois en Angleterre , les agents des douanes du gouvernement ont considéré les sculptures comme étant sans valeur. Elgin a cherché des amis qui seraient prêts à les exposer dans leurs demeures. Alors qu’Elgin était détenu comme prisonnier de guerre en France (de 1803 à 1805), les marbres ont été entassés dans des caisses et se sont finalement retrouvés à la Chambre des Douanes à Londres.

Après son retour en Angleterre en 1806, Elgin sollicita un réseau de gens de l'élite culturelle bien connectés. Ils lancèrent ce que l'on appellerait aujourd'hui une campagne de relations publiques : lettres aux éditeurs de journaux louant les vertus esthétiques des sculptures, articles dans les magazines félicitant Elgin d’avoir protégé les chefs-d'œuvre antiques, et discours parlementaires mettant en garde contre le fait que les sculptures pourraient être dispersées auprès de collectionneurs étrangers. Grâce à la polémique et à la diplomatie, les trustees (trustees désigne plutôt le conseil d’administration que les conservateurs me semble-t-il) du Musée ont été finalement persuadés de faire l'achat pour la modique somme de £ 35,000.

Comment les sculptures du Parthénon sont-elles passées de sans valeur à inestimable (from worthless to priceless) ? Cette transformation à couper le souffle de l’idée de valeur doit être vue dans un contexte plus large. Comme l'affirme l'historien Holger Hoock, «[au début du XIXe siècle] les nations et les États en vinrent, pour le prestige national, à collecter et à exposer dans leurs espaces publics des trophées de guerre et de conquête. Des batailles diplomatiques et des guerres culturelles internationales furent livrées à propos d’antiquités ». L'acquisition d’antiquités importantes, la construction de nouveaux espaces d'exposition pour l'art, et les commandes de tableaux, de statues, et d’oratorios auront transformé l'État en une nation grandie par la culture classique.

Statues grecques, corps britanniques

La campagne de relations publiques d'Elgin, comme je l'ai appelée tout à l'heure, ne s’est pas limitée à des éditoriaux de journaux ou au lobbying de députés sympathisants. Dans un éclair de génie marketing, Elgin (ou l'un de ses partisans) a pensé à relier les statues mal-aimées du Parthénon au sport très populaire qu’était la boxe.

La preuve clé de cela vient du journal de Joseph Farington. Farington faisait partie d'un cercle exclusif de londoniens qui appréciaient les beaux-arts et se réunissaient régulièrement pour en discuter et rédiger des critiques. Le 20 Juin 1808, Farington et plusieurs de ses amis prirent leur petit déjeuner à la maison de Londres de Sir Anthony Carlisle. Après le petit déjeuner Carlisle conduisit ses invités dans son grand salon, « où nous trouvâmes Gregson, le pugiliste, tout nu, exposé pour nous en raison de l’élégance de ses formes » (Farington 1925 [1808]: 80). Bob Gregson, le champion national d’Angleterre, était l'un des plus célèbres boxeurs de son temps. Un équivalent approximatif moderne serait que les invités découvrent David Beckham tout nu dans le salon de l'hôte. Farington et convives admiraient « la beauté de ses proportions du genou (ou plutôt de la taille) jusqu’en haut » de ses six pieds deux pouces (1, 88 m). Les invités de Carlisle convinrent que Gregson était «le plus beau corps » qu'ils aient vu, et établirent une collection de médailles pour saluer Gregson ( Farington 1925 [1808]: 81). Mais ce n'était qu'un apéritif. Leurs appétits aiguisés, les invités furent invités à visiter le hangar de Lord Elgin dix jours plus tard, afin de comparer le corps de Gregson aux corps sculptés du Parthénon.

Ce hangar était l'espace d'exposition temporaire d'Elgin pour les marbres. Gregson était un attrait puissant. Ce jour-là dans son journal, Farington a écrit qu'il y avait « beaucoup de monde » pour cette deuxième exposition du corps de Gregson. Pendant deux heures, Gregson a été « placé dans différentes attitudes » aux côtés des sculptures, prenant des poses similaires à celles des statues du Parthénon.

Le hangar était maintenant la coqueluche de la ville. Quiconque comptait sur la scène culturelle de Londres voulait le visiter. En Juillet 1808 Elgin mit en scène son meilleur spectacle. Ses invités étaient désormais conviés à assister aux combats de trois couples de boxeurs parmi les marbres. Ce n'étaient pas des boxeurs ordinaires. John Gully était un boxeur à succès et une personnalité immensément populaire. Il prit sa retraite de boxeur en 1808, amassa une fortune, et devint membre du Parlement en 1832. John Jackson détenait le titre de champion de boxe de Grande-Bretagne et était l'entraîneur personnel de Lord Byron. Il faisait partie d'un petit groupe de lutteurs invités à jouer le rôle de pages à l'entrée de l'abbaye de Westminster lors du couronnement de George IV. Jem Belcher était un combattant à mains nues, champion d’Angleterre de 1800 à 1805. En somme, ces hommes étaient plus que des athlètes célèbres : ils étaient des héros nationaux, des idoles adulées. Sam le Hollandais, surnommé l'Homme à la main de fer, fut particulièrement loué pour la correspondance entre son corps et le physique grec idéal.

Que se passait-il donc ? Il était socialement acceptable pour les hommes membres des élites britanniques de voir et de parier sur les matches de boxe. Comme le font remarquer les historiens John Golby et William Purdue: «Beaucoup de partisans de la boxe faisaient valoir qu'il s'agissait d'une activité intrinsèquement anglaise, qui reflétait la solidité, le courage et la virilité de la race. [Ce sport] évoquait l’atmosphère d'une Angleterre ancienne, à moitié imaginaire, où se côtoyaient nobles écuyers sportifs et robustes ouvriers dans leur commune appréciation de l’exploit physique ». Le pugilat dessinait une esthétique dont l’attrait traversait les classes sociales.

Mais ces matchs n’avaient généralement pas lieu dans des galeries de sculpture, et normalement les boxeurs ne posaient pas nus pour les spectateurs. Ce qu’Elgin essayait de faire c’était de persuader son auditoire de la place naturelle des sculptures en Grande-Bretagne et de la configuration naturelle des Britanniques dans l'art classique. Si les célébrités nues ressemblaient aux guerriers grecs enchâssés dans la frise, alors les Britanniques pouvaient se persuader qu'ils étaient l'héritage incarné de l'Athènes antique.

Comment Elgin, les boxeurs, Farington, et un assortiment hétéroclite des élites londoniennes pouvaient-ils regarder les marbres du Parthénon et y voir les Britanniques ? Il importe peut-être de noter que les marbres sont maintenant, et qu’ils étaient à l'époque d’Elgin, blancs. Il n'en a pas toujours été ainsi. Dans l'antiquité, les sculptures étaient peintes de couleurs vives, afin de s'assurer qu'elles seraient visibles depuis le sol [voir photo]. Les peintures originales se sont érodées au fil des ans, laissant une patine crème pâle. Les premiers collectionneurs de sculpture avaient remarqué des traces de peinture sur la statuaire grecque et romaine, et quelques traces s’en retrouvent dans des aquarelles. Mais au dix-neuvième siècle, la sculpture blanche était supposée être plus exacte que la version en couleur.

En l’absence de couleur, il est difficile pour quiconque à l’exception des experts en histoire de l'art de distinguer les différences entre les vêtements, les armes, et les marqueurs ethniques des sujets sculptés. L'absence de couleur permet le flou, même l’effacement, de l'origine ethnique, rendant ainsi plus facile d’y projeter des identités multiples. En outre, le « blanc pur impérial » était en contraste avec la couleur impure, barbare, comme l'écrit l'anthropologue Anne McClintock. Les bruns et les rouges vermeils qui avaient été effectivement utilisés pour décrire la peau masculine grecque auraient diminué la possibilité d'un engagement téléologique des Britanniques blancs du XIXe siècle avec les sculptures. La monochromie efface également le temps. L'ancienneté du groupe de sculptures ne peut être niée, mais sans couleur, les sculptures peuvent être représentées aussi comme intemporelles : pour les contemporains d’Elgin comme pour nous aujourd'hui, le manque de couleur se traduit par un manque de spécificité vestimentaire, ce qui permet aux statues de sembler présentes, pertinentes et récupérables par nous.

Grâce à leur apparence physique et à leur insertion concertée dans l'expérience somatique de l'élite métropolitaine, les marbres ont été préparés ??? amorcés pour leur absorption dans la nation britannique. Compte tenu de l'obsolescence de la Grèce antique, la Grande-Bretagne a pu la fois faire valoir rhétoriquement son droit à l’héritage de la civilisation grecque et le mettre en œuvre visuellement par un affichage au premier plan des sculptures du Parthénon. Diffusées par le biais de la culture savante puis populaire, les origines grecques des sculptures ont été progressivement supprimées. Les marbres ont servi de modèles pour les nouveaux morceaux de la couronne de George III. Ils sont apparus dans les caricatures du magazine politique Punch, sur des cartes postales bon marché, et dans les livres de dessin. Les britanniques (hommes et femmes) qui ne pouvaient pas se rendre à Londres purent profiter des moulages en plâtre des sculptures, qui furent finalement exposées dans des musées à travers le pays. Une nouvelle identité nationale a été greffée sur eux.

Cosmopolitisme, identité nationale, une impasse

Aujourd'hui, les trustees du British Museum font valoir que les sculptures du Parthénon font « partie intégrante de l'objectif du musée en tant que musée mondial qui raconte l'accomplissement culturel de l'humanité ». De plus, selon le site internet du British Museum :

La répartition actuelle des sculptures survivantes entre les musées de huit pays, pour des quantités à peu près égales entre Athènes et Londres, permet de raconter des histoires différentes et complémentaires à leur sujet, en se concentrant respectivement sur leur importance pour l'histoire d'Athènes et de la Grèce, et sur leur signification pour la culture mondiale. Cet arrangement, aux dires des conservateurs (trustees) du Musée, offre l’utilité publique maximale au monde en général et affirme le caractère universel de l'héritage grec.

Associer un récit supranational aux sculptures contredit l'argument qu'ils font partie intégrante de l’identité nationale grecque. En outre, le musée affirme être au service de la «culture mondiale», réduisant la contribution d'Athènes à « l'histoire d'Athènes et de la Grèce ».

Les élites britanniques avaient interprété avec succès les sculptures comme pré-nationales en présentant l'Athènes antique comme une utopie perdue déconnectée de la Grèce contemporaine. De la sorte, elles appartiennent à tout le monde, mais à personne en particulier. C'est la position structurelle du British Museum, et c’est le fondement ontologique de l'identité nationale britannique.

À certains égards, les sculptures du Parthénon présentent un cas unique. En effet, c'est le cadre de raisonnement adopté par ceux qui appellent à la restitution des sculptures à la Grèce. En affirmer les caractéristiques uniques - la beauté inhabituelle des sculptures, par exemple, ou leur place exceptionnelle dans l'histoire d’Athènes - est peut-être destiné à rassurer les autorités du British Museum ; le retour de ces objets n’ouvrirait pas la porte aux demandes de rapatriement provenant d'autres nations.

Les sculptures du Parthénon sont uniques (one-of-a-kind), comme l’est toute création artistique, mais en tant que phénomène d'histoire sociale et de lutte identitaire, elles appartiennent à une catégorie bien définie. Il s'agit du patrimoine culturel, un angle de vue qui nous pousse à considérer des questions plus générales liées à la culture, aux nations, et à l’identité au XXIe siècle.

Trois questions ouvertes sur le patrimoine culturel :

Qui décide ? « Patrimoine culturel » est un concept élaboré par la société. Comme l’anthropologue et archéologue Lynn Meskell l’a montré, les femmes et les hommes des pays du Sud ne voient pas toujours du même œil que leurs homologues du Nord quand il s'agit de politique du patrimoine. Cela est dû à de profondes différences structurelles vis-à-vis de ce qui est considéré comme «biens» culturels ainsi que de la meilleure façon d'utiliser les outils de la politique et de sa mise en œuvre pour les protéger ou les gérer. Du temps d'Elgin, la décision de retirer les marbres du Parthénon a été justifiée au motif que les autorités britanniques savaient mieux comment apprécier les sculptures et en prendre soin. C'est une vision paternaliste qui s'est révélée étonnamment robuste depuis deux siècles. Chaque instance de destruction du patrimoine attire l'attention internationale et, souvent, la dérision. Mais pour chaque explosion d'un Bouddha de Bamiyan, il ya des centaines de cas qui restent inaperçus, de populations locales qui prennent soin des objets et des sites, de façon simple et quotidienne. Cela nous pousse à réfléchir sur des questions plus larges qui entourent la garde, la conservation et le flux naturel de la production et de la décomposition des produits culturels. Ces questions sont abordées par les anthropologues travaillant dans le domaine critique du patrimoine culturel, et les lecteurs curieux devraient explorer ces études pour plus de cas et les réponses potentielles.

Évaluation à quelle fin? Que la valeur de patrimoine culturel soit inestimable est une épée à double tranchant. Une sorte de valeur quantitative, que ce soit en unités monétaires, en nombre d'emplois créés ou en visites de musées enregistrées, est requise pour que les ressources nécessaires soient mobilisées pour protéger un site particulier, un objet ou monument. Mais tout comme les membres du Parlement, en 1817, ont eu du mal à mettre un prix (ou à donner une valeur) aux sculptures du Parthénon, les universitaires et les décideurs politiques contemporains se débattent avec des problèmes philosophiques fondamentaux : est-ce que l'histoire a une valeur monétaire? Dans le cas d’évaluations contradictoires, celle de qui adoptons-nous ? Et si les membres du groupe culturel dont le « patrimoine » est dit être en jeu, souhaitent vendre leur patrimoine et utiliser l'argent à d'autres fins, cela doit-il être autorisé? Chacune de ces questions attire des tentatives de réponses de fond et/ou spécifiques, mais chacune d’entre elles reste ouverte.

Quel rôle devrait jouer le public? Au moment où j'écris ceci, un groupe croissant de militants et d’amateurs jouent un rôle actif dans le suivi de la circulation mondiale des objets et des œuvres d'art. Il ya une poignée de plateformes virtuelles pour ce travail, y compris des blogs, des groupes de discussion à but non lucratif, et Chasing Aphrodite - probablement le plus connu d'entre eux. Une plate-forme web open source, provisoirement dénommée « WikiLoot », est à l’étude pour la diffusion et l'analyse des dossiers de sources primaires et les photographies documentant le commerce mondial des antiquités pillées. L'idée derrière WikiLoot et d'autres outils de médias sociaux est d'engager une large communauté de contributeurs, depuis les citoyens curieux jusqu’aux décideurs politiques, aux journalistes, et aux archéologues professionnels, dans le suivi des flux mondiaux d'objets dérobés. Le projet de site WikiLoot a attiré de vives critiques, principalement au motif que le commerce des biens culturels est trop sensible et important pour impliquer les membres inexpérimentés du public. Mais qui a le droit d'avoir une voix dans ces échanges ? Comment le « sauvetage » à la Elgin d'un monument antique serait-il vu via WikiLoot aujourd'hui ?

À propos de l'auteur

Fiona Rose-Greenland a obtenu son doctorat en archéologie classique à Oxford et termine son doctorat en sociologie à l'Université du Michigan. Son travail se concentre sur les pratiques et les objets culturels et les constructions socio -politiques qui les limitent et les façonnent, en s'appuyant sur diverses littératures scientifiques comme la sociologie culturelle, la sociologie du nationalisme, et des études scientifiques. Elle a travaillé comme archéologue sur le terrain et conservateur de musée avant de s'orienter dans le domaine de la sociologie.

la version originale de cet article est publiée sous licence 3.0 Creative Commons

Source URL: http://www.opendemocracy.net/fiona-rose-greenland/parthenon-marbles-and-british-national-identity

 

Je posterai le texte en vo dans les commentaires pour ne pas alourdir la présentation

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Commentaires
J
comme annoncé, l'article de Fiona Rose-Greenland en v.o<br /> <br /> <br /> <br /> What is happening with the Parthenon sculptures, also known as the Elgin Marbles and widely lauded as the jewel in the crown of the British Museum?<br /> <br /> When the new Acropolis Museum opened in Athens in June 2009, the British Museum faced unprecedented pressure to return the sculptures to Greece. Intellectuals, elected officials, and ordinary citizens weighed in, with public opinion apparently in favour of giving them back. It looked as though Museum officials might finally relent. The issue was back on the public agenda in June 2012, in a repatriation debate between Stephen Fry and MP Tristram Hunt, and again this month in a speech [12] by Henry Porter in which he urged that returning the sculptures would be the right thing to do.<br /> <br /> This issue bubbles up every few years. It follows a predictable pattern: an event (speech; historical landmark; new building) triggers renewed cries for repatriation, media outlets swarm around the story, and the British Museum digs in its heels. Why is it that this issue is apparently irresolvable? And how did these sculptured rocks, made by non-British artisans in a non-British place, come to be seen as integral to the British Museum and, implicitly, to Britain generally? This is a problem of nationalism and the politics of culture.<br /> <br /> For scholars of nationalism, the case presents a conceptual puzzle. The nationalism literature takes for granted a nation’s desire to present itself as special and elect, relying on homegrown cultural products – from cuisine to folk costumes and artworks – to strengthen its “nationness.” The Parthenon marbles, however, puts a curious kink in this line of thinking. The sculptures were imported to Britain but they have become emblems of British nationhood. <br /> <br /> For all citizens, regardless of their scholarly or political bent, the case raises important concerns about cultural heritage and its meaning in global circuits. We hear frequent mention of cultural heritage and its essential role in keeping ethnic groups intact. It is an attractive claim, but how do we assess it? What should we do, moreover, even if we accept the argument? These questions need to be opened up and scrutinized.<br /> <br /> My analysis is based primarily on archival data and consulting the minutes of the British Museum Trustees’ meetings from 1753 through 1830 as well as the full record of the Select Committee on the Earl of Elgin's Collection of Sculptured Marbles (March 25, 1816). Then there are the newspapers. With the help of two digital search engines, I have located more than 1,000 articles from early nineteenth century UK newspapers and magazines that mention the sculptures or Lord Elgin. These proved to be rich repositories of information about how people outside of London and its elite art circles made sense of the sculptures and gradually accepted them as emblems of Britishness.<br /> <br /> Moving the immoveable from the Athenian Acropolis to Elgin’s London shed<br /> <br /> The Parthenon sculptures were made in the third quarter of the 5th century BC for the Temple to Athena Parthenos (“virgin”) on the Athenian acropolis. Ancient writers praised them for their beauty and perfect imitation of nature. After the decline of Athens and the displacement of its polytheistic religion, the temple and its sculptures were damaged by natural and man-made events. But we are told by travellers’ reports that in spite of their decrepitude, the temple and its statues were respected and even revered by local residents. <br /> <br /> Lord Elgin saw things differently. As ambassador to the Ottoman court, Thomas Bruce, the seventh Earl of Elgin, visited Athens, then under Ottoman rule. Elgin decided that the sculptures would be removed from the Parthenon and shipped back to the United Kingdom. In spite of his later claim that he acted in order to bring ancient Greek art to the British public and protect the sculptures from further damage, it is clear from Elgin’s private letters that he intended to send them to his home in Scotland. Beginning in the summer of 1801, Elgin's workmen pried or chiselled away a large number of marble figures. Some were heavily damaged or irreparably shattered. The work was finished the following year. It was not until 1804, after one ship carrying several of the sculptures sank and had to be recovered, that the major portion of them arrived in England.<br /> <br /> Once in England, the government’s customs officials pronounced the sculptures worthless. Elgin struggled to find friends who were willing to display them in their stately homes. While Elgin was held as a prisoner of war in France (1803 through 1805), the marbles were stored in packed crates and eventually found their way to the Customs House in London.<br /> <br /> After Elgin’s return to England in 1806 he tapped a network of well-connected cultural élites. They launched what would be described today as a public-relations campaign. Letters to newspaper editors praised the aesthetic virtues of the sculptures, magazine articles commended Elgin’s efforts to protect the ancient masterpieces, and Parliamentary speeches warned against allowing the sculptures to be lost to foreign collectors. Through polemic and diplomacy, the Museum’s trustees were finally persuaded to make the purchase for the bargain price of £35,000. <br /> <br /> How the Parthenon sculptures went from worthless to priceless is a breathtaking transformation in value that needs to be understood in a broader context. As the historian Holger Hoock argues, “[In the early nineteenth century] nations and states collected for national prestige, and to display in their public spaces trophies of war and conquest. Diplomatic battles and international culture wars were fought over antiquities”. The acquisition of big antiquities, the construction of new display spaces for art, and the commissioning of paintings, statuary, and oratorios transformed the state into a classically aggrandized cultural nation.<br /> <br /> Greek statues, British bodies<br /> <br /> Elgin’s public relations campaign, as I called it earlier, was not limited to sympathetic newspaper editorials or lobbying MPs. In a flash of marketing genius, Elgin (or one of his supporters) thought to link the unloved Parthenon statues to the wildly popular sport of boxing. <br /> <br /> Key evidence for this comes from the diary of Joseph Farington. Farington was part of an exclusive circle of London men who appreciated fine art and met regularly to discuss and produce critiques of it. On June 20, 1808, Farington and several friends ate breakfast at the London home of Sir Anthony Carlisle. After breakfast Carlisle led his guests to his front drawing room, “where we found Gregson, the pugilist, stripped naked, to be exhibited to us on account of the fineness of His form” (Farington 1925 [1808]: 80). Bob Gregson, the English national champion, was one of the most famous fighters in his day. The approximate modern equivalent would be for houseguests to find a naked David Beckham in the host’s sitting room. Farington and fellow-guests admired ‘the beauty of his proportions from the Knee or rather the waist upwards’ – all 6’2” of him. Carlisle’s guests agreed that Gregson was ‘the finest figure’ they had seen, and took up a collection of coins for Gregson’s efforts (Farington 1925 [1808]: 81). But this was merely a teaser. Their appetites whetted, the guests were encouraged to visit Lord Elgin’s shed ten days later in order to compare Gregson’s body with the sculpted Parthenon figures.<br /> <br /> The shed was Elgin’s temporary display space for the marbles. Gregson was a powerful draw. In his diary entry for that day, Farington wrote that there was “much company” for this second display of Gregson’s body. For two hours, Gregson was “placed in many attitudes” alongside the sculptures, striking poses similar to those of the Parthenon figures. <br /> <br /> The shed was now the talk of the town. Anybody who was anybody in London’s cultural scene wanted to visit. In July 1808 Elgin staged his best show yet. His guests were now treated to the spectacle of three pairs of pugilists sparring among the marbles. These were no ordinary fighters. John Gully was a successful prizefighter and immensely popular figure. He retired from boxing in 1808, amassed a fortune, and became a Member of Parliament by 1832. John Jackson was the prize-fighting champion of Britain and Lord Byron's personal trainer. He was one of a small group of fighters invited to stand as pages at the entrance of Westminster Abbey during the coronation of George IV. Jem Belcher was a bare-knuckle fighter and Champion of All England from 1800 to 1805. In sum, these men were more than celebrity athletes: they were national heroes, lionized as icons. Dutch Sam, nicknamed the Man with the Iron Hand, was especially praised for his body’s symmetry with the ideal Greek physique.<br /> <br /> What was going on? It was socially acceptable for élite British men to watch and bet on prizefighting. As historians John Golby and William Purdue point out, “Many supporters of prizefighting argued that it was an intrinsically English activity reflecting the sturdiness, the courage and the manliness of the race. [The sport] evoked an atmosphere redolent of an older, half-imaginary England where sporting squires and sturdy labourers rubbed shoulders in common appreciation of physical prowess”. Pugilism featured an aesthetic that crossed classes in its appeal.<br /> <br /> But such matches were typically not held in sculpture galleries, and boxers did not normally pose naked for the spectators. What Elgin was trying to do was persuade his audience of the sculptures’ natural place in Britain and in Britons’ natural configuration in classical art. If the naked celebrities looked just like the mounted Greek warriors in the frieze, then Britons could assure themselves that they were the embodied legacy of ancient Athens. <br /> <br /> How did Elgin, the boxers, Farington, and a motley crew of London élites look at the Parthenon figures and see Britons? It may matter that the marbles are now, and were in Elgin’s time, white. They were not always so. In antiquity the sculptures were brightly painted, to ensure that they would be be visible from the ground [see photo]. The original paints eroded through the years, leaving a creamy-pale patina. Early collectors of sculpture noticed paint traces on Greek and Roman statuary, and some of it was recorded in watercolour paintings. But by the nineteenth century, white sculpture was assumed to be more accurate than the colored version.<br /> <br /> Without colour it is difficult for all but art history experts to distinguish differences in the sculpted subjects’ clothing, weaponry, and ethnic markers. The absence of colour allows for the blurring, even erasure, of ethnicity, thus making it easier to project multiple selves onto it. Moreover, the “pure imperial white” was contrasted with impure, uncivilized color, as the anthropologist Ann McClintock writes. The ruddy browns and reds that were actually used to depict Greek male skin would have diminished the possibility of nineteenth century white Britons’ teleological engagement with the sculptures. Monochromy also erases time. The antiquity of the sculpture group cannot be denied, but without colour it can be repackaged as timeless: to Elgin’s contemporaries and to us today, lack of colour translates into lack of sartorial specificity, allowing the figures to seem present, relevant, and claimable by us. <br /> <br /> Through their physical appearance and concerted insertion into the metropolitan élites’ somatic experience, the marbles were primed for absorption into the British nation. Given the obsolescence of ancient Greece, Britain could both rhetorically assert her right to the mantle of Greek civilization and visually enforce it through a prominent display of the Parthenon sculptures. Disseminated through culture highbrow and low-, the Greek origins of the sculptures were gradually erased. The marbles served as models for the new crown pieces of George III. They appeared in Punch magazine political cartoons, cheap postcards, and drawing books. British men and women unable to travel to London could enjoy plaster casts of the sculptures, which were eventually displayed in museums throughout the country. A new national identity was grafted onto them.<br /> <br /> <br /> <br /> A well-known 19th century painting of an imagined visit to the Parthenon by Pheidias and his friends nicely showing the vivid colours of the sculpture. Wikimedia/Public domain [13].<br /> <br /> Cosmopolitanism, national identity, and impasse<br /> <br /> Today, the British Museum’s Trustees argue that the Parthenon sculptures are “integral to the Museum’s purpose as a world museum telling the story of human cultural achievement.” Further, according to the British Museum web site:<br /> <br /> The current division of the surviving sculptures between museums in eight countries, with about equal quantities present in Athens and London, allows different and complementary stories to be told about them, focusing respectively on their importance for the history of Athens and Greece, and their significance for world culture. This, the Museum’s Trustees believe, is an arrangement that gives maximum public benefit for the world at large and affirms the universal nature of the Greek legacy.<br /> <br /> Attaching a supra-national narrative to the sculptures counters the argument that they are integral to Greek nationhood. Moreover, the Museum asserts that its service is to “world culture,” reducing Athens’s contribution to “the history of Athens and Greece.”<br /> <br /> British élites had successfully construed the sculptures as pre-national by presenting ancient Athens as a lost utopia disconnected from contemporary Greece. In this way, they belong to everybody but to nobody in particular. This is the organizational position of the British Museum, and is the ontological underpinning of British national identity.<br /> <br /> In some ways the Parthenon sculptures present a unique case. Indeed, this is the framing adopted by those who call for the return of the sculptures to Greece. Asserting unique features – the sculptures’ unusual beauty, say, or their rare place in Athenian history – perhaps is meant to reassure British Museum authorities that returning these objects would not open the floodgates to other nations’ repatriation demands. <br /> <br /> The Parthenon sculptures are one-of-a-kind, just as every artistic creation is, but as a case of social history and identity struggle it belongs to a robust category. This is the category of cultural heritage, a framing that pushes us to consider broader questions related to culture, nations, and identity in the twenty-first century.<br /> <br /> Three open questions about cultural heritage:<br /> <br /> Who decides? “Cultural heritage” is a socially constructed idea. As anthropologist and archaeologist Lynn Meskell has shown, women and men from the Global South do not always see eye to eye with their counterparts from the North when it comes to heritage policy. This is due to deep structural differences in what counts as cultural “goods” and how best to use policy and enforcement tools to protect or manage them. In Elgin’s time, the decision to remove the Parthenon marbles was justified on grounds that British authorities knew best how to care for and appreciate the sculptures. This is a paternalistic view that has proved surprisingly robust through two centuries. Every instance of heritage destruction draws international attention and, often, derision. But for every explosion of a Bamiyan Buddha there are hundreds of unremarked instances of local people looking after artifacts and sites in simple, every day ways. This pushes us to think about broader issues surrounding custodianship, preservation, and the natural flow of production and decay in cultural products. Such issues are being tackled by anthropologists working in the critical cultural heritage field, and curious readers should explore those studies for more cases and potential answers.<br /> <br /> • Evaluation to what end? Cultural heritage’s inestimable worth is a double-edged sword. Some sort of quantitative value, whether in monetary units, number of jobs produced, or museum visits recorded, is required for the requisite resources to be marshalled to protect a particular site, object, or monument. But just as Members of Parliament in 1817 struggled to put a value on the Parthenon sculptures, so contemporary scholars and policymakers wrestle with core philosophical problems: Does history have a monetary value? In instances of conflicting valuations, whose do we adopt? And if members of the cultural group whose “heritage” is said to be at stake, wish to sell their heritage site and use the money for other purposes, should that be allowed? Each of these questions is attracting substantive and specific attempts at answers, yet each one remains open.<br /> <br /> What role should the public play? As I write this, a growing group of campaigners and enthusiasts play an active role in monitoring the global circulation of artifacts and artworks. There is a handful of virtual platforms for this work, including blogs, non-profit discussion groups, and Chasing Aphrodite – probably the best known among them. Plans are now underway for an open source web platform, provisionally named “WikiLoot,” for the dissemination and analysis of primary source records and photographs documenting the global trade in looted antiquities. The idea behind WikiLoot and other social media tools is to engage a broad community of contributors, from curious citizens to policymakers, journalists, and professional archaeologists, in monitoring the global flow of artifacts. The proposed WikiLoot site has drawn intense criticism, mainly on grounds that the trade in cultural goods is too sensitive and important to involve inexpert members of the public. But who is entitled to have a voice in these exchanges? How would an Elginesque “rescue” of an ancient monument play out via WikiLoot today?<br /> <br /> About the author Fiona Rose-Greenland completed her DPhil in Classical Archaeology at Oxford and is finishing her PhD in Sociology at the University of Michigan. Her work focuses on cultural practices and objects, and the socio-political constructs that constrain and shape them, drawing on diverse scholarly literatures including cultural sociology, sociology of nationalism, and science studies. She worked as a field archaeologist and museum curator before entering the field of Sociology. <br /> <br /> This article is published under a Creative Commons Attribution-NonCommercial 3.0 licence. If you have any queries about republishing please contact us [16]. Please check individual images for licensing details.
L'astragale de Cassiopée
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