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L'astragale de Cassiopée
26 octobre 2013

juillet, le mois le plus cruel, comme n'écrivait pas T.S. Eliot

Pour les Européens de l'an 1000, le mois de juillet était le mois le plus difficile, et les gens pouvaient mourir de faim à l'heure la plus douce de l'année :

Juillet était le mois des foins en l'an 1000. C'était la première grande récolte de l'année, un moment d'inquiétude sur la météo avec la nécessité que l'herbe soit coupée et séchée avant que la pluie ne puisse la gâter, et ça juste pour alimenter les animaux, car la récolte de la mi-été ne fournissait aucune nourriture aux humains. Le fourrage permettrait au bétail de passer l'hiver Alors, quand le dur travail de la fenaison était terminé, le cultivateur médiéval se trouvait face à une période plus difficile encore, le mois le plus dur de l'année entière, en fait, car les cultures de printemps n'avaient pas encore mûri. Les granges étaient au plus bas et les silos à grains pouvaient bien être vides. Angoisse : à la veille de la récolte d’août, les gens pourraient se trouver affamés, au cours du mois le plus doux. Juillet c’était l’époque d'un autre phénomène tout à fait inconnu de nous dans l'Occident moderne : l'écart de la faim.

Dans Piers Plowman, (Piers le paysan), la fable paysanne du Moyen Âge tardif, nous lisons que juillet était le mois où le fossé entre riches et pauvres était le plus apparent. Les riches pouvaient vivre sur le contenu de leurs granges, et ils avaient les moyens de payer les prix plus élevés liés à la diminution des stocks de nourriture. Le prix des céréales et du pain pouvait grimper à des niveaux exorbitants . Mais cette rareté faisait de juillet le mois où les pauvres apprenaient la vraie signification de la pauvreté. Alors que dans la fable Piers dort, Patience vient à lui en rêve, lui montrant comment les pauvres souffrent en essayant de survivre grâce au purgatoire annuel de la Saint-Jean, en broyant le son de blé le plus grossier, et même des pois et des haricots vieux et ratatinés pour en faire un genre de pain.

Le solstice d’été (Midsummmer) était aussi la saison où cet autre observateur ironique de la vie paysanne , l'artiste flamand Pieter Breughel l'Ancien, peignait ses célèbre tableaux de fêtes campagnardes folles. A la fin du Moyen Age, Breughel représente les paysans entraînés dans des accès d'hystérie collective, et les analyses historiques de ces folies rurales ont expliqué ce délire par le régime déficient avec lequel le pauvre devait subsister durant « l'écart de la faim ». Les gens étaient étourdis par le manque de nourriture solide et la chimie moderne a montré comment l'ergot qui se développe sur le seigle moisissant est une source d'acide lysergique – le LSD, la drogue culte des années 1960.

Cet effet hallucinogène a été accentué par la consommation d’herbes, de baies, et de céréales sauvages qui compensaient l’amenuisement des stocks de farine conventionnelle comme l'été avançait. Le coquelicot, le chanvre et l'ivraie étaient récupérés, séchés et broyés pour produire un tourteau médiéval connu sous le nom de « pain fou ». Alors même que les pauvres souffraient de la faim, il est possible que leur régime leur ait fourni des paradis exotiques et artificiels. « C'était comme si un sort avait été jeté sur des communautés entières »,selon un historien moderne.

Auteurs : Robert Lacey & Danny Danziger

Titre: L'An 1000: ce qu'était la vie au tournant du premier millénaire, le monde d’un anglais

The Year 1000: What Life Was Like at the Turn of the First Millennium, An Englishman's World

Author: Robert Lacey & Danny Danziger — Publisher: Back Bay Books Pages: 101-103

Date: Copyright 1999 by Robert Lacey & Danny Danziger

 

le même en v.o.

In today's selection -- for Europeans in 1000 A.D., the month of July was the most difficult month, and people could starve at the balmiest time of the year:

"July was hay month in the year 1000. It was the first great harvest of the year, a time of worry about the weather and the need to get the grass cut and dried before the rain could spoil it -- and all to feed the animals, since the midsummer harvest produced no food for humans. Hay was fodder to keep the livestock going through the winter. So when the arduous work of haymaking was done, the medieval cultivator found himself facing another stretch that was harder still -- the toughest month of the entire year, in fact, since the spring crops had not yet matured. The barns were at their lowest point and the grain bins could well be empty. Tantalizingly, on the very eve of the August harvest, people could find themselves starving in the balmiest month of all. July was the time of another phenomenon quite unknown to us in the modern West -- 'the hungry gap.'

"In Piers Plowman, the late medieval fable of the land, we read how July was the month when the divide between rich and poor became most apparent. The rich could survive on the contents of their barns, and they had the money to pay the higher prices commanded by the dwindling stocks of food. Grain and bread prices could soar to exorbitant levels. But this scarcity made July the month when the poor learned the true meaning of poverty. As Piers sleeps in the fable, Patience comes to him in a dream, showing him how the poor suffer as they try to survive through their annual midsummer purgatory, grinding up the coarsest of wheat bran, and even old, shrivelled peas and beans to make some sort of bread.

"Midsummer was also the season when that other sardonic observer of peasant life, the Flemish artist Pieter Breughel the Elder, painted his famous tableaux of crazed rural festivals. At the very end of the Middle Ages, Breughel depicted countryfolk wrapped up in fits of mass hysteria, and the historical accounts of these rural frenzies have explained the delirium in terms of the slender diet on which the poor had to subsist during the hungry gap. People were light-headed through lack of solid food, and modern chemistry has shown how the ergot that flowered on rye as it grew moldy was a source of lysergic acid -- LSD, the cult drug of the 1960s.

"This hallucinogenic lift was accentuated by the hedgerow herbs and grains with which the dwindling stocks of conventional flour were amplified as the summer wore on. Poppies, hemp, and darnel were scavenged, dried, and ground up to produce a medieval hash brownie known as 'crazy bread.' So even as the poor endured hunger, it is possible that their diet provided them with some exotic and artificial paradises. 'It was as if a spell had been placed on entire communities;' according to one modern historian."

Author: Robert Lacey & Danny Danziger
Title: The Year 1000: What Life Was Like at the Turn of the First Millennium, An Englishman's World

Publisher: Back Bay Books Date: Copyright 1999 by Robert Lacey & Danny Danziger Pages: 101-103

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