Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
L'astragale de Cassiopée
21 mai 2011

énigme de Kara

 

A l'heure même où l'Allemagne et le nazisme se sont effondrés, à l'heure où la victoire des armées alliées est enfin acquise, une question nous reste posée par les deux derniers ordres du jour d'Hitler, un mois à peine avant son écrasement, où il affirmait sa certitude de la victoire.

 

Tout le monde à ce moment en a ri, tant il est évident que plus rien ne pouvait sauver l'Allemagne et l'on a pensé : coup de fouet à son peuple, folie. Tout le monde l'a oublié aujourd'hui car c'est une affaire liquidée. Et pourtant ne devrions nous pas nous méfier de cette attitude en face des affirmations de cet homme ? Lorsque depuis 1938 il menaçait, on disait « chantage ». Lorsque, en janvier 1940, il a dit qu'en juillet il serait à Paris, on disait « rodomontade ». Lorsque, en 1938, il avait parlé d'envahir la Roumanie et l'Ukraine, qui donc l'avait pris au sérieux ?

 

Et pourtant si l'on avait réellement pris au sérieux Mein Kampf, si l'on avait bien voulu y voir un programme d'action et non comme nous en avions l'habitude avec nos hommes politiques un programme électoral que l'on n'applique jamais, l'on aurait peut-être pris quelques précautions.

 

Car tout ce qu'Hitler a fait était annoncé dans Mein Kampf : les buts, les méthodes et les résultats. Il n'a pu aller jusqu'au bout, mais la volonté ne lui en a pas manqué. Tout ce qu'il a dit il l'a fait. Pouvons nous alors prendre à la légère ces ordres du jour où, alors qu'il savait que ses armées étaient vaincues, il affirmerait encore sa victoire ?

 

***

 

Remarquons d'abord qu'il ne s'agit pas, dans ces ordres du jour, d'une façon évidente d'une victoire de l'Allemagne actuelle, ni d'une victoire militaire. Il s'agit d'une victoire du nazisme et d'une victoire de l'Allemagne éternelle, c'est-à-dire si nous le comprenons bien, d'une victoire politique. Et ce ne serait pas la première fois que le vaincu par les armes arrive à vaincre politiquement son vainqueur. Ainsi les armées de la Révolution et de l'Empire furent en définitive vaincues, mais elles avaient porté dans toute l'Europe l'idée de la République et le sentiment de la liberté dont personne ne put arrêter la marche triomphale au XIXe siècle.

 

Or que voyons nous aujourd'hui ?

 

D'abord Hitler a programmé la guerre totale, ce qui comprend d'une part mobilisation totale; d'autre part, massacre total. Et l'on sait les lois de la guerre ... Tout le monde a dû s'aligner sur lui -- et faire la guerre totale, c'est à dire l'extermination des populations civiles (nous y avons bien réussi!) et l'utilisation illimitée de toutes les forces et ressources des nations aux fins de la guerre.

 

On ne pouvait faire autrement pour vaincre. Évidemment. Mais est ce si certain que cela que l'on puisse vaincre le mal par le mal ? Ce qui est en tout cas incontestable, c'est qu'en conduisant à la nécessité de massacrer des populations civiles, Hitler nous a prodigieusement engagé dans la voie du mal. Il n'est pas certain que nous puissions en sortir aussi vite .Et dans les projets de réorganisation du monde actuel, à voir la façon dont on dispose des minorités, dont on prévoit les transferts de populations, etc., on peut se demander si l'influence en ce qui concerne le mépris de la vie humaine (malgré de belles déclarations sur la dignité humaine !) n'a pas été plus profonde qu'on ne le croirait ).

 

 

Bien sûr ! On ne pouvait pas faire autrement . Mais il est assez remarquable de constater que là encore nous avons dû suivre les traces d'Hitler ; pour réaliser la mobilisation totale de la nation, tout État doit avoir en main tous les ressorts financiers économiques, vitaux, et placer à la tête de tout des techniciens qui deviennent les premiers dans la nation. Suppression de la liberté, suppression de l'égalité, suppression de la disposition des biens, suppression de la culture pour elle-même, suppression des choses  et bientôt suppression des gens inutiles à la défense nationale. L'État prend tout, l'État utilise tout par le moyen des techniciens. Qu'est-ce donc sinon la dictature ? C'est pourtant ce que l'Angleterre aussi bien que les États-Unis ont mis sur pied …. et ne parlons pas de la Russie. Absolutisme d'état - Primauté des techniciens … Sans doute ignorons nous le mythe de la race, mais ignorons nous le mythe de la liberté alors qu'elle est pratiquement supprimée partout.

 

Publicité
Publicité
Commentaires
M
"L'homme à lui-même" p. 28
M
Que dire sur Jacques Ellul que chacun ne puisse découvrir (en mieux, et en plus précis) d’un clic ? Comme par exemple sur ce site : http://www.ellul.org/index.html<br /> Ou à partir de cette page (notamment pour ceux qui s’intéressent à ses travaux sur la techno-science) : http://www.protestant.ch/direct/ellul<br /> Que ce soit en tant que sociologue (du système technicien ou de la propagande) ou en tant que théologien je trouve impressionnante la force de sa pensée, pas seulement parce qu’elle a été amplement confirmée (Jean-Luc Porquet, que les lecteurs du Canard Enchaîné connaissent bien, a pu intituler le livre qu’il lui a consacré « Jacques Ellul, l’homme qui avait presque tout prévu ») mais aussi parce que ce côté précurseur n’a pas été acquis en cherchant à ménager la chèvre et le chou, c’est le moins que l’on puisse dire … Il y a une telle netteté, une telle fermeté (et une telle cohérence) dans sa pensée qu’il ne s’embarrasse jamais de se montrer conciliant avec tel ou tel de ses « alliés potentiels » — il distribue allègrement les coups à droite et à gauche, sur les doctrinaires et les dogmatiques de tout poil. <br /> (J’espère que je ne donne pas l’impression qu’il s’agissait d’un penseur arrogant, parce que ce n’était pas du tout le cas). <br /> Je ne suis pas sûre que le versant protestant de son œuvre intéresse beaucoup de monde ici, mais il me semble que « Anarchie et christianisme » et « La subversion du christianisme » sont deux livres importants et susceptibles de « parler » aux plus farouches adversaires de la religion parce que ce théologien est des leurs ! (une partie de ses œuvres proprement théologiques ont été regroupées et ré-éditées en un gros pavé à la Table Ronde en 2007 mais il faut y ajouter deux petits chefs d’œuvre à mon sens, un commentaire de Qohélet/ l’Ecclésiaste, « La Raison d’être » et un livre sur la ville dans la Bible, « Sans Feu ni lieu »).<br /> Un petit extrait de L’Homme et l’argent (1953) pour vous donner une idée de sa façon d’aborder les choses (et dissiper qq préventions éventuelles) : « Lorsque nous ouvrons la Bible, nous ne trouvons pas une philosophie, une politique, une métaphysique, ni même une religion. Nous y trouvons l’engagement d’un dialogue. Une parole personnelle qui m’est adressée et qui m’interroge sur ce que je fais, ce que j’espère, ce que je redoute — et [assurément] sur ce que je suis […] Elle n’apporte aucune découverte objective, d’où l’on pourrait tirer un système général. Elle apporte la vérité sur toute chose […] [mais la vérité] est découverte dans la relation avec Dieu, pas ailleurs. » <br /> « Les textes bibliques ne concluent jamais […] ils ne sont donc jamais une “solution” » (215)<br /> Voilà comment il articulait son pessimisme et sa foi (dans une lettre au mathématicien Didier Nordon) : <br /> « Je reconnais que mes analyses du monde contemporain peuvent conduire à un sentiment de fatalité, et par conséquent à un certain négativisme désespéré : c’est alors que devrait prendre place l’appel adressé au lecteur par les lires théologiques, où l’on doit rencontrer l’espérance, la certitude d’une vérité, la liberté et la possibilité toujours ouverte d’une action effective. » (L’Homme à lui-même, 28)
A
la dernière phrase, en bas, j'aurais pu l'effacer. N'apporte rien.
A
Kara, moi je suis comme Miette, je ne trouve jamais la réponse à vos énigmes, beaucoup trop difficile. <br /> <br /> Là je crois bien que j'avais trouvé, pour une fois, mais avec un peu de retard. .. Trop tard.<br /> <br /> Pour Godard, pas très clair le mec, antisioniste virulent (pour moi les antisionistes sont toujours suspects : peuvent pas leur foutre la paix aux Juifs ? et qu'ils nous disent où ils devraient habiter donc, si Israël leur est interdit et pour ne déranger personne bien sûr ? et qui voudrait les accueillir au fait , ils y ont pensé ? ) ayant tenus des propos infects sur l'extermination, sur les Juifs et commis des rapprochements douteux (que certains appellent provocations ou qualifient Godard de pervers)<br /> <br /> Je vous propose de lire ce texte qui rappelle que BHL a eu des projets avec Godard, tous inaboutis, et qu'il ne le tient pas pour un antisémite bien que... on est sur la limite . (BHL pourrait-il se permettre de dire ouvertement que Godard est antisémite ?)<br /> http://www.rue89.com/prise-de-baecque/2010/11/08/oscars-non-jean-luc-godard-nest-pas-antisemite-175011<br /> avec renvoi au texte de BHL sur Godard<br /> <br /> De même Alain Fleischer, qui le trouve plus que limite, mais ne dit pas non plus ouvertement qu'il est antisémite http://next.liberation.fr/culture/01012324252-godard-est-parfois-antisemite-comme-un-juif-peut-l-etre<br /> <br /> <br /> <br /> bien à vous<br /> <br /> Alithia <br /> <br /> <br /> Pour Godard, j'affirme et je confirme, horizon borné des Alpes qui font voter les populations de l'arc alpin à l'extrême-droite, et godard antisémite.
K
+scusi: un rien insolente...
L'astragale de Cassiopée
Publicité
Derniers commentaires
Archives
Publicité