Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
L'astragale de Cassiopée
17 avril 2011

Enigme du dimanche soir

" Dès lors il ne fallait même pas que je lui fournisse l'occasion d'exiger avec la témérité du désespoir que je lui dise laquelle de ces suppositions était fondée. Là était le côté amusant, excitant. Entendez, cette façon de l'éviter. C'était une adolescence à rebours, sens dessus dessous : le jeune garçon encore puceau et - qui sait? - peut-être même encore plus vierge qu'elle, à la fois envoûté et terrifié par ce qui l'envoûte, usant d'artifices grossiers et timides pour faire naître les rencontres fortuites où il n'oserait jamais la toucher réellement, trop affolé en fait pour oser la toucher; mais pour le seul délice de respirer le même air qu'elle, de baigner dans la même atmosphère que celle où ondoient les membres de celle qu'il aime; pour qui le gant ou le mouchoir qu'elle ignore même avoir perdu, la fleur qu'elle ne savait même pas avoir piétinée, jusqu'au manuel d'arithmétique, de grammaire ou de géographie de Seconde ou de Première portant son nom inscrit de sa main en caractères magiques sur la page de garde, sont plus redoutables et bouleversants que l'épaule nue elle-même ou la chevelure dénouée répandue sur l'oreiller proche du sien. "

 

Second extrait du même roman :

" Et toi, le vieil homme, tu restes là tandis que montent vers toi, autour de toi, que te prennent à la gorge les ténèbres du printemps ces téèbres peuplées de milliers de couples en quête non de solitude mais seulement d'intimité, de cette intimité qu'ont faite pour eux les ténèbres du printemps, ce climat printanier, ce printemps qu'un poète américain, un grand poète, une femme et donc qui sait bien de quoi elle parle, a nommé le temps des jeunes filles et la bonne fortune des garçons. Qui n'était nullement le premier jour de la création nullement un matin édenique, car le temps des jeunes filles et la bonne fortune des garçons est la somme de tous les jours, la coupe, le vase offerts aux lèvres une fois au temps de la jeunesse et puis jamais plus; offerts aux jeunes une seule et unique fois pour étancher leur soif ou mouiller leurs lèvres ou pour être vidés jusqu'à la lie et cela trop tôt parfois, prématurément. Car le tragique de la vie est qu'il faut qu'elle soit prématurée, non concluante et sans conclusion possible pour être la vie; il faut qu'elle soit déjà avant d'être la vie, qu'elle soit en avance sur elle-même, pour avoir jamais été."

Publicité
Publicité
Commentaires
H
Après vérification physique, je confirme les renseignements du message ci-dessus. (14h33)
M
j'y ai pensé parce que je crois que (sans indices massifs me permettant d'identifier les épisodes ou les personnages) je serais parfaitement incapable de reconnaître même un livre que je connaîtrais très bien si je l'ai lu en v.o. et qu'on me soumet une énigme en traduction française. (Ce n'était évidemment pas le cas ici ;-)) <br /> Il me semble que ce sont le "style", la musique d'un texte, son rythme, et aussi son vocabulaire et d'éventuels échos qui me permettraient d'abord (dans le meilleur des cas!) de l'identifier.
H
Vous avez raison Miette.<br /> Je n'aurai le livre physique en main que ce soir mais c'est tiré de l'édition "Les Snopes" Gallimard/Quarto de 2007. La traduction de base doit sonc être celle de Jules Bréant, la première pour l'édition de 1962 revue et corrigée par les (re)traducteurs de l'édition Quarto 2007, c'est-à-dire Marc Amfreville, Antoine Cazé et Aurélie Guillain. <br /> Si ce n'est pas exactement cela, je corrigerai qd j'aurai vérifié ce soit.
M
De qui est la traduction ? (parce que ce sont aussi un peu ses phrases sur lesquelles nous avons "planché" …)
H
Il s'agit donc de William Faulkner dans "La ville", second tome de la trilogie des Snopes.<br /> L'on y retrouve l'ascension sociale de Flem Snopes, le vol des pièces de cuivre dans l'usine qu'il dirige au début de son second volume, son mariage avec Eula Varner et l'adolescence de Linda, Ratliff le représentant en machines à coudre, Charles Mallison, Gavin Stevens qui est justement ce petit procureur de presque 40 ans (38), narrateur des deux extraits choisis qui tombe en pamoison devant Linda, jeune fille de 15 ou 16 ans. On y retrouve des histoires de mulets, d'adultère, de voitures...<br /> <br /> Bravo à Pado car cela n'a pas du être simple.<br /> <br /> Vous voyez Miette, mon "reconnaître non mais connaître oui" cela était un indice puisque je sais que vous n'avez pas lu Faulkner et que vous ne voulez pas le lire ;o)
L'astragale de Cassiopée
Publicité
Derniers commentaires
Archives
Publicité