Enigme de Kara
" La première surprise passée, j'ai tendu la main pour toucher cet animal étrange (ma curiosité et ma soif de connaître ont vaincu mon dégout), mais il a émis un ronflement aigu et s'est échappé. J'ai contourné la tour : il me semblait que partout des yeux brillaient dans le noir ; des vermines semblables à l'animal entrevu s'échappaient à mon approche dans chaque tournant. Ce grouillement bizarre me donnait l'impression qu'une activité fiévreuse et secrète se déroulait ; le bâtiment était rempli de ces bêtes qui reculaient effrayées et examinaient à travers les fentes l'inconnu qui s'approchait de leur habitation.
J'ai quitté la tour pour un sentier étroit.Alors, un autre spectacle extraordinaire m'a fait oublier les petites vermines dégoutantes. Au bout du sentier, s'élevait un palais immense, rond, un genre de Colisée, construit en marbre rose. Ses murs majestueux se perdaient dans l'obscurité, on n'apercevait pas son toit. Sous le porche vouté, une figure féminine se tenait debout, belle comme un rêve d'artiste. Ce personnage structural avait plus de deux mètres. Je n'ai pu distinguer ses vêtements - on aurait dit que cette figure féminine étaient entourée de nuages. Le plus remarquable était sa chevelure : un fleuve doré flottait doucement autour d'elle et s'éparpillait dans l'eau à l'infini.
Quand cette apparition m'a vu, elle a crié quelque chose, s'est retournée d'un geste gracieux et s'est enfuie dans le palais. J'ai couru à perdre haleine vers la porte, j'ai traversé un vestibule rond, des couloirs richement pavés. Au début, je n'ai pas senti que quelque chose entravait ma course -des fils lisses, dorés s'enroulaient autour de mes mains, de mon cou, de mes jambes. Tout à coup, je suis tombé ; je ne pouvait plus bouger. Mille et mille fils me ligotaient, j'étais pris dans un filet, les minces fils se croisaient devant mes yeux. J'essayai de me libérer mais mes gestes désespérés me rendaient encore plus prisonnier, je me sentais comme un bourdon pris dans une toile d'araignée. "