Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
L'astragale de Cassiopée
26 novembre 2009

Lacan, Joyce, le sinthome

IRS_Lacan

Extrait du séminaire Livre XXIII de Lacan "Le sinthome" aux Editions du Seuil

p.80:

" Nous en sommes là réduits au sentiment parce que Joyce ne nous l'a pas dit, il l'a écrit, et c'est bien là qu'est toute la différence. Quand on écrit, on peut bien toucher au réel, mais non pas au vrai."

p.85:

" L'imagination d'être le rédempteur, dans notre tradition au moins, est le prototype de la père-version. C'est dans la mesure où il y a rapport de fils à père qu'a surgi cette idée loufoque du rédempteur, et ceci depuis très longtemps. Le sadisme est pour le père, le masochisme est pour le fils."

" Le réel se trouve dans les embrouilles du vrai. C'est bien ce qui m'a amené à l'idée du noeud, qui procède de ceci que le vrai s'auto-perfore du fait que son usage crée de toute pièce le sens, de ce qu'il glisse, de ce qu'il est aspiré par l'image du trou corporel dont il est émis, à savoir la bouche en tant qu'elle suce."



Sur Joyce et les paroles imposées.


p.94 :

" Joyce a un symptome qui part de ceci que son père était carent, radicalement carent - il ne parle que de ça. J'ai centré la chose autour du nom propre, et j'ai pensé que c'est de se vouloir un nom que Joyce a fait la compensation de la carence paternelle."

p.95:

" Comment est-ce que nous ne sentons pas tous que les paroles dont nous dépendons nous sont, en quelque sorte, imposées?

C'est bien en quoi ce que l'on appelle un malade va quelquefois plus loin que ce que l'on appelle un homme bien portant. La question est plutôt de savoir pourquoi un homme normal, dit normal, ne s'aperçoit pas que la parole est un parasite, que la parole est un placage, que la parole est la forme de cancer dont l'être humain est affligé. Comment y en a-t-il qui vont jusqu'à le sentir? Il est certain que là-dessus Joyce nous donne un petit soupçon."


"La pulsion de mort, c'est le réel en tant qu'il ne peut être pensé que comme impossible. C'est-à-dire que chaque fois qu'il montre le bout de son nez, il est impensable. Aborder à cet impossible ne saurait constituer un espoir, puisque cet impensable, c'est la mort, dont c'est le fondement du réel qu'elle ne puisse être pensée.


L'incroyable, c'est que Joyce - qui avait le plus grand mépris de l'histoire, en effet futile, qu'il qualifie de cauchemar, et dont le caractère est de lâcher sur nous les grands mots dont il souligne qu'ils nous font tant de mal - n'ait pu trouver que cette solution, écrire Finnegans Wake (FW à partir de maintenant dans cet article), soit un rêve qui, comme tout rêve est un cauchemar, même s'il est un cauchemar tempéré. A ceci près, dit-il, et c'est comme ça qu'il fait ce FW, c'est que le rêveur n'y est aucun personnage particulier, il est le rêve même.


C'est en cela que Joyce glisse, glisse, glisse au Jung, glisse à l'inconscient collectif. Il n'y a pas de meilleure preuve que Joyce, que l'inconscient collectif, c'est un sinthome, car on ne peut dire que FW, dans son imagination, ne participe pas à ce sinthome.


Alors, ce qui est le signe de mon empêchement, c'est bien Joyce, justement en tant que ce qu'il avance, et d'une façon tout à fait spécialement artiste car il sait y faire, c'est le sinthome, et sinthome tel qu'il n'y ait rien à faire pour l'analyser."

Publicité
Publicité
Commentaires
L'astragale de Cassiopée
Publicité
Derniers commentaires
Archives
Publicité